Roya - "What is normal for the spider is chaos for the fly"

Le brouhaha mêlé à l’alcool l’assommaient un peu. Cette taverne était glauque, dans ce sous-sol fermé, l’odeur  rance de la bière et de la transpiration prenait à la gorge et en avait fait dégobiller plus d’un en cette froide soirée. La lumière jaunâtre éclairait mal les visages. Pourtant Roya pouvait distinguer qu’elle était l’une des rares femme présentes à cette heure tardive de la nuit. Et la seule qui n’était pas accompagnée.
Elle adorait cet endroit.

-Il est bien rare de voir une femme braver le couvre-feu.

Levant les yeux, la vision qu’eut la jeune femme la stoppa net dans l’insulte qu’elle allait lui cracher. L’homme devant lui, bien que plus vieux d’une dizaine d’années, était si séduisant que le visage de Roya passa de l’exaspération à la séduction en une seconde. L’homme s’assit sans lui demander une quelconque permission. Posant devant chacun d’entre eux un verre de whisky.

-A qui ai-je l’honneur ? Susurra-t-elle

Alors que l’homme répondait, elle le détailla, sans retenir ne serait-ce que son nom. Son doigt effleurant les bords poussiéreux du verre devant elle. C’était décidé, ce soir il serait à elle.
Il enchaîna :

-Et vous, qui êtes-vous?
-Roya.
-Que faites vous ici Roya? demanda-t-il alors que son regard glissa vers le décolleté de la jeune femme
-Je viens d’arriver en ville. J’ai entendu parler des guildes présentes ici. Elles m’intéressent.
-Sans vouloir vous offenser, vous n’avez pas la dégaine d’une justicière.

Une rire clair sorti de la bouche de Roya. Elle but une gorgée de l’alcool. Il n’était pas mauvais. Pas bon non plus.

-Qui a dit que j’avais l’intention de les rejoindre ? Je trouve cette ville beaucoup trop en paix. Je suis ici  pour y mettre un peu de chaos.

Il y eu un silence. L’homme en face n’avait pas l’air d’avoir saisit les mots. Ou alors il n’avait pas envie de comprendre.
Secouant la tête, il fini par changer de sujet.

-D’où venez-vous ?

Imperturbable, vraiment. Roya avait toujours été admirative des hommes. Quand ils avaient un objectif en tête -en l’occurrence elle-, rien ne les arrêtait.

-Mes parents sont des paysans, si c’est ce que vous demandez, d’un endroit isolé de cette contrée.
-Vous ne ressemblez pas à une paysanne.
-Ni justicière, ni paysanne, qui pensez-vous que je sois ? Dit-elle avec un sourire carnassier.

Le regard hypnotisant de l’homme flancha une seconde. Une nouvelle fois, il secoua la tête, et repris, avec, peut être, une voix un peu moins assurée.

-Comment êtes-vous arrivée ici ?
-Je suis partie, c’est tout. Comme vous l’avez dit, je ne suis pas une paysanne. J’ai pris la route, appris des choses, et suis finalement arrivée ici, après 5 années.
-Vous êtes donc une … vagabonde ?

Il avait dit le dernier mot avec une certaine inquiétude, du mépris aussi. Pourquoi juger ainsi les voyageurs ?

-On peut dire ça. Même si je me qualifierais moi-même plus de mercenaire.

La conversation se banalisa jusqu’à tard dans la nuit. Roya fini par sortir de la taverne, l’homme à sa suite. Au petit jour, il se réveillera seul dans son lit, avec un sentiment de vide, et elle sera déjà loin.